Sunday, July 23, 2006

La correspondance dans toutes les circonstances de la vie


Em seu livro La correspondance dans toutes les circonstances de la vie (Paris: L. Chailley, sixième édition, 1895) - coletânea de cartas modelares que teriam sido recolhidas pela autora -, a Baronesa Staffe (1845-1911) lamentava ver as comunicações telefônicas e telegráficas substituírem inteiramente as correspondências escritas (“Il serait très malheureux de voir les communications téléphoniques et les dépêches télégraphiques se substituer entièrement aux correspondances écrites”) e dava alguns conselhos sobre a escrita epistolar. São alguns trechos desse texto que transcrevo abaixo:

« Chaque personne a son écriture propre, ce qui sert beaucoup à l’individualiser dans la mémoire souvent très peuplée des gens qui vivent loin d’elle.
Une correspondance suivie entre les membres d’une famille éloignés les uns des autres, entre des amis séparés, maintiendra et développera même beaucoup parfois, les sentiments affectueux que l’absence détruit... diminue ou estompe tout au moins. Si le silence s’établit pendant un temps assez long entre gens qui s’aimaient, l’affectiont se dissout, la sympathie disparaît.
L’échange de lettres permet de ne pas se perdre de vue, de se tenir au courant des habitudes, des faits et gestes les uns des autres (ce qui est inap- /p.3/ préciable pour l’amitié), de continuer à parler la même langue,… souvent d’avouer plus fortement que par la parole ses sentiments et ses sympathies, ce qui a pour résultat de se faire mieux aimer en se faisant mieux pénétrer.
Les lettres d’un père ou d’une mère à ses enfants peuvent les gardes contre de grands dangers, les faire persévérer à marcher dans le chemin droit, dans la voie de l’honneur. Ces chères lettres viennent leur rappeler, évoquer devant leur regard le foyer paternal, où on leur a appris à vénérer les austères vertus.
Les lettres entre frères et soeurs empêchent le lien familial de se detendré, de se briser, quand le père et la mère, qui groupaient leurs enfants entre leurs bras, ont disparu et que le toit des ancêtres abrite des étrangers. »

« On se rassurera en voyant, si on veut bien feuilleter notre volume, que pour écrire de façon à satisfaire celui auquel on s’adresse, il /p.7/ ne faut que du tact, du coeur ou de la réflexion. »

«On verra, dans les lettres qui vont suivre, que pour écrire aux gens de sa parente ou de son intimité, on peut, jusqu’à un certain point, mettre à sa plume la bride sur le cou. Cet abandon (je ne dis pas laisser-aller) n’élimine pas les sentiments de déférence et de respect. Mais on peut y exprimer son affection et son dévouement sans y mettre la réserve commandée à l’égard de ceux qui ne nous sont pas attachés par les liens du sang ou d’une amitié longue et éprouvée. On peut entrer dans mille details qui communiquent à la lettre la grâce de la vie, on est sûr d’intéresser, d’émouvoir, d’attendrir, de provoquer la gaieté, etc.
En écrivant à des étrangers et même à de simples connaissances, une certaine retenue est /p.8/ nécessaire, une certaine sobriété dans la phrase et dans les détails, sans sécheresse pourtant, sans prétention surtout.
Un ton aimable, bienveillant, poli est obligatoire en toutes occurrences. Un ton gracieux, enjoué n’est nullement déplacé à l’égard de ce qu’on appelle les connaissances.
Pour les lettres d’affaires, il est bon d’aller droit au but, d’entrer en matière immédiatement et sans phrases superflues.
Les lettres de condoléance sont les plus difficiles à écrire, surtout si l’on ne se rend pas compte du genre de la douleur que doit éprouver la personne à laquelle on écrit. Car le même malheur ne nous fait pas souffrir tous de la même façon. Le caractère influe sur la forme du chagrin. Si on ignore la nature, les sentiments de ceux que la destinée vient de frapper, la manière dont ils ont accueilli l’affliction, il faut se borner à quelques mots de sympathie, de crainte de froisser leur chagrin par de longues phrases maladroites.
Le don de consoler appartient aux intuitifs /p.9/ doués d’une grande bonté et d’une extrême délicatesse. La banalité des consolations ajoute à la souffrance des êtres sensibles et exquis.
Mais un seul mot, venu des entrailles, peut souvent calmer, adoucir une grande peine.
Quant aux lettres de félicitations, elles doivent être exemptes de toute note personnelle. C’est-à-dire que, si l’on souffre, on fera taire sa souffrance, on n’en parlera pas du moins, on ne fera pas sur soi-même de retour mélancolique, afin de ne pas jeter une note discordante dans le concert des voeux et des congratulations, des applaudissements qu’on fait entendre aux gens heureux.
Il faut être joyeux avec ceux qui sont dans la joie, au moins ne pas jeter volontairement d’ombre sur leur bonheur, en leur laissant apercevoir sa propre tristesse.
Et il faut pleurer avec ceux qui répandent des larmes. La sympathie humaine doit se partager entre les heureux et les malheureux. Parce que vous venez de consoler un ami plongé dans le deuil, refuserez-vous un sourire au jeune couple /p.10/ qui passe dans son bonheur? Non, car votre froideur, votre mélancolie ou votre indifférence serait comme un reproche à ce bonheur radieux.
Et, également, on s’efforcera de ne pas étaler sa joie sous les yeux noyés de pleurs. Il n’y a pas là, croyez-le, de dissimulation répréhensible. C’est une réserve commandée par une délicatesse de coeur et de tact.
Enfin, pour écrire comme pour parler, on devrait toujours avoir en vue la satisfaction des autres. L’amour de son semblable, l’altruisme véritable se révèle dans la plus insignifiante des lettres, car on peut toujours y témoigner du respect qu’on a pour autrui ou du mépris où l’on tient tout ce qui n’est pas soi.
Les meilleures qualités du style épistolaire, c’est le coeur qui nous les donne.
BARONNE STAFFE.
Villa Aimée, 8 septembre 1894.»
O texto completo da Baronne Staffe pode ser lido no site

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